Jouer ensemble, fuir le monde
Chroniques désordonnées d’un rôliste asocial en terrain numérique
Pourquoi publier ?
Pourquoi s’imposer un rythme ?
Pourquoi nourrir la grande machine numérique qui bouffe tout et recrache des contenus formatés, vides, pensés pour des algorithmes ?
Je me pose souvent la question. Et souvent, la réponse, c’est : je n’en sais rien.
Peut-être que je publie juste pour lancer des bouteilles à la mer.
Peut-être que je publie parce que le jeu de rôle, c’est fun, c’est beau, ça me plaît, et que, quelque part, j’ai envie de partager ça. Mais de loin. Derrière une vitre. En laissant des traces, sans avoir à parler aux gens.
Je suis asocial. Pas "j’aime pas les gens" (enfin, pas tous), mais plutôt : j’aime les relations choisies, limitées, bien cadrées. J’aime l’idée de jouer ensemble autour d’une table. Mais je déteste l’idée de "traîner sur les réseaux" comme si c’était une taverne où tout le monde a envie de te parler.
Spoiler : moi, non.
Le web social, c’est un couloir bruyant où on t’impose des gens que tu n’as pas invités à ta partie. Des trolls, des algorithmes, des vagues de mauvaises nouvelles, des censures absurdes, des tendances bidons. Un monde où Pinterest te bloque une photo historique parce qu’un bout de genou dépasse. Où Facebook décide que ton fanzine steampunk est "potentiellement offensant". Où TikTok flingue ton post parce que tu as osé évoquer un sujet d’histoire trop complexe pour un réseau qui préfère la danse des doigts.
Alors je fais quoi ? Je continue de publier ?
Peut-être. Peut-être pas. Je fais selon l’envie.
Parfois je me dis que me fixer une routine, ça stimule la créativité.
Parfois je me dis que je m’en fous, et que l’idée même de me caler sur un calendrier, c’est déjà m’écraser sous le poids d’un système que je méprise.
Peut-être que la vraie solution, c’est de publier comme je joue : à ma table, avec mes règles, avec mes horaires. Je crée mes coins tranquilles. Un blog que personne ne lit vraiment. Un Tumblr où les fantômes se baladent. Un Mastodon qui ressemble à une auberge oubliée au bout de la carte. Je laisse des PDFs, des fanzines, des bouts d’idées comme on laisse des traces dans la poussière.
Je ne veux pas plaire aux algorithmes.
Je ne veux pas "engager une communauté".
Je veux juste dire : j’aime le jeu de rôle. Tenez, je vous laisse ça ici. Faites-en ce que vous voulez. Ou rien.
Je partage mes jeux.
Je partage mes idées.
Mais pas ma vie. Pas mon temps. Pas mon énergie.
Je choisis mes batailles.
Et je choisis de jouer.
Commentaires
Enregistrer un commentaire